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Anne-Line SIEGLER (Photographe)

Découvrez au fil des jours les « vavangueurs » qui participeront à la prochaine édition du festival Vavangue !
Anne-Line SIEGLER, photographe

Anne-Line SIEGLER, photographe

Inde, un monde de femmes - Exposition photographique

Biographie

Anne-Line SIEGLER a 37 ans et vit à la Réunion depuis l’âge de 10 ans. Après un bac littéraire, elle entreprend en Métropole des études de lettres modernes, d’ethnologie, un DU en cinéma et audiovisuel avant de revenir à la Réunion, clôturer son cursus universitaire par un DESS en communication. En 2005, elle s’expatrie en Asie pour un parcours professionnel de près de cinq ans.

Elle est alors correctrice dans une maison d’édition pékinoise, en Chine, puis professeur de français à Colombo, à Sri Lanka, et enfin traductrice de séries télévisées à Mumbai, en Inde. En 2010, elle revient à la Réunion pour fonder une famille et se consacrer à plusieurs activités artistiques. Enseignante, journaliste, elle est aussi l’auteure d’un premier roman, Mad in China, paru chez l’Harmattan en septembre 2013. Lauréate du premier Prix Célimène 2012, qui récompense des femmes artistes dans le cadre de la Journée de la femme, elle s’exprime aussi à travers la photographie, notamment avec un premier projet Du Tibet à l’Inde : l’exil pour exister (www.annelinesiegler.daportfolio.com), soutenu par la Région Réunion et les villes de Saint-Denis, Sainte-Marie et Saint- Pierre.

L'Exposition photographique

Le projet photographique Inde, un monde de femmes traite de deux artistes indiennes, Sofia Ashraf et Kalki Subramaniam, qui réussissent, chacune à leur manière, à se réaliser sans compromettre ce en quoi elles croient.

Ce projet raconte ainsi le quotidien de ces deux femmes anticonformistes qui cherchent activement à faire bouger les lignes, sans peur de briser les tabous.

Kalki et Sofia représentent le courage et le choix d’être soi, en dépit d’une société normative, jugeante, moralisatrice. L’une comme l’autre conquièrent un espace à elle, un rôle à jouer, leur propre liberté. Elles ont décidé d’utiliser l’art comme une arme mais aussi comme un moyen de questionner leur identité.

Avec ses cheveux ultra-courts, son tatouage ostentatoire, son pottu hindou sur le front (elle est de culture musulmane), Sofia ne cadre pas du tout avec la figure typique et idéalisée de la femme indienne, épouse et mère dévouées.

Cette féministe de 28 ans a fait le buzz en août 2015 avec sa vidéo « Kodaikanal won’t »,visionnée plus de trois millions de fois sur Youtube en quelques jours. Dans ce clip, la rappeuse de Chennai dénonce en musique l'empoisonnement au mercure dont sont victimes des milliers d’habitants de Kodaikanal, dans le Tamil Nadu. Sofia fustige l'indifférence d’Unilever,multinationale britannique, responsable d’un désastre à la fois écologique et sanitaire. En mars dernier, après une pétition lancée par la chanteuse et l’immense mobilisation d’ONG telles que Greenpeace, Unilever a finalement consenti à indemniser ses anciens employés.

Au départ infographiste, Sofia a quitté son emploi pour s’adonner à la musique, forte de sa notoriété récente. La première fois que je l’ai rencontrée, elle écrivait une chanson sur les stéréotypes sexistes, un brin provocatrice, « Embroidery bitch ». Deux mois plus tard, elle préparait un vidéo-clip sur l’une des plus grandes catastrophes industrielles de l’histoire,Bhopal. Elle y accuse la firme américaine Dow Chemical d’être responsable de l'explosion en 1984 d'une de ses usines qui a fait près de 25 000 morts et qui continue encore aujourd’hui de polluer des nappes phréatiques et de faire d'autres victimes.

C’est chez sa mère, entourée de ses soeurs et de ses nièces, que j’ai rencontré Kalki à deux reprises. Cette quadragénaire est retournée vivre dans son village natal de Pollachi (Tamil Nadu) après avoir vécu quelques années à Chennai puis à Auroville, (Pondichéry). Élégante, sereine, Kalki a la force intérieure de celles qui ont été éprouvées par la vie. Elle se définit comme une femme avant tout et comme une artiste. Kalki s’est toujours sentie femme bien qu’elle soit née dans un corps d’homme. Après bien des embuches, à l’âge de 30 ans, Kalki réalise sa transition et devient la femme qu’elle a toujours été.

Pour l’avoir côtoyée dans ses gestes du quotidien et connu avec elle des moments de grande complicité féminine, je peux dire que la féminité transpire de tout son être et qu’elle est une femme comme une autre. La deuxième fois que j’ai rencontré Kalki, elle préparait sa première exposition de peintures acrylique et aquarelle à l’Alliance française de Trivandrum (Kérala),accompagnée de sa meilleure amie Prema.

Elle est probablement la première femme de la communauté transgenre en Inde à faire une exposition artistique médiatisée. Elle est la voix de toute une communauté. Comme elle le dit, l’art la guérit des souffrances de son passé et lui donne du courage pour l’avenir.

Poétesse, actrice, peintre, Kalki milite aussi pour la reconnaissance des droits des transgenres,notamment à travers son association Sahodari1.

Éloquente, positive, Kalki repousse les barrières quand il s’agit de poursuivre ses rêves et ne se laisse pas entraver par la honte que la société projette sur elle. À travers ses pensées, ses actions, son état d’esprit combatif, Kalki est devenue un modèle pour celles de la communauté transgenre qui vivent en marge de la société.

De nature très humble, elle est une personnalité en Inde.

Note d’intention

Le titre de ce projet Inde, un monde de femmes peut d’emblée interpeller, choquer, sembler provocateur.

Certains ou certaines se rappelleront peut-être le film de Manish Jha, Matrubhoomi, un monde sans femmes qui traite des conséquences de l’infanticide des bébés filles en Inde.

Nous avons tous à l’esprit des images de faits divers médiatisés attestant de violences physiques et psychologiques faites aux femmes en Inde dont la liste est longue et accablante : infanticides, accès limité des filles à l’éducation, problèmes de dot, trafics humains, mariage des mineures et mariages arrangés, sort des veuves, viols collectifs ou conjugaux…

Si cette réalité, incontestable, est préoccupante, il faut toutefois reconnaître la place que la femme peut occuper dans la société indienne malgré son ambiguïté, à la fois portée aux nues et méprisée. Ainsi, l’Inde compte des femmes qui ont été et qui sont au premier plan, telles le premier ministre Indira Gandhi dans les années 70, la présidente Prathiba Patil récemment. Un débat de société s’est répandu depuis le viol collectif d’une étudiante dans un bus de New Delhi en décembre 2012. De plus en plus déculpabilisées, décomplexées, les femmes osent se plaindre, s’organisent pour faire bouger les mentalités et surmontent les obstacles qui jalonnent leur route dans leurs efforts pour concrétiser leurs propres aspirations.

Quant à la transsexualité, l’Inde a un jour été un pays reposant sur la diversité et la tolérance sexuelles. L’art, l’histoire, la religion hindoue comme les textes sacrés du Ramayana et du Mahabaratha attestent la présence d’êtres ou de dieux à la fois homme et femme. Selon Kalki, après la colonisation britannique, la société indienne est devenue plus puritaine. On peut remarquer quelques avancées comme en 2014, la reconnaissance par la cour suprême indienne de l’existence d’un troisième genre. Cependant, le chemin est encore long jusqu’à leur acceptation.

Ainsi, j’ai souhaité traiter le sujet des femmes indiennes contemporaines selon un angle optimiste en m’intéressant à deux Indiennes militantes. J’ai donc cherché à saisir ces signes d’une évolution peut-être timides à l’échelle de l’Inde, mais encourageants.

Détails des activités durant le festival

  • Inde, un monde de femmes (Exposition photographique)
  • Tarif : gratuit

  • Durée : 10h00 à 16h45
  • Samedi 8 avril et dimanche 9 avril
  • Lieu : Place de la liberté – Salle des agriculteurs
  • Tout public
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